Des mythes, des listes et de la nostalgie
Quand j'étais enfant, on avait peur du triangle des Bermudes. Des échos du monstre du Loch Ness, des photos du Yéti. David Copperfield faisait disparaître la statue de la Liberté en direct à la télévision. On rêvait encore de retrouver l'Atlantide. Où sont les doux mythes d'aujourd'hui ?
En 2025, si tu veux croire à quelque chose qui n'existe pas, tu as le choix entre la 5G dans les vaccins, le «grand remplacement» et le lobby qui rend les enfants trans. Des complots dans tous les sens, de la haine, de la laideur qui s'amoncelle. Toujours plus sombre dans un monde déjà en manque de lumière. Je dirais bien que c'est parce que je suis adulte et que les adultes ne rêvent pas, mais les enfants non plus ne rêvent plus. Tout le monde est anxieux.
Il n'y a plus de mythes. Qu'est-ce qui enchante le monde ? On se réfugie dans de la nostalgie. On regarde cent fois les mêmes films. On s'accroche de toutes nos forces à ce qu'il y avait avant. Parce qu'il n'y a plus rien aujourd'hui. Il n'y a plus de magie.
Est-ce que c'est inévitable ? Est-ce que c'est cyclique ? Je ne crois pas qu'il faille repartir en arrière. Je pense au contraire que ça reviendra. Qu'on ne peut pas s'en passer, que c'est une respiration nécessaire. Mais l'époque ne s'y prête pas encore. Ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, nous sommes en apnée.
Le monstre du Loch Ness est mort. Le Yéti aussi. Plus personne ne craint le triangle des Bermudes. Qu'un illusionniste la fasse disparaître n'est pas ce qui pourrait arriver de pire à la statue de la Liberté. On ne retrouvera jamais l'Atlantide. Mais j'espère qu'on retrouvera quand même des rêves. Les mythes d'un ailleurs meilleur, incompréhensibles parfois, inexplicables. Un peu de magie, pour s'extraire quelques instants de la réalité. Et pourquoi pas y ramener des étincelles de fantastique… et l'améliorer.
Mes préférés, ce sont les platistes.
Dans le film Trois couleurs: Bleu de Krzysztof Kieślowski, Juliette Binoche interprète Julie, qui erre dans une vie fracturée par la perte, incapable de renouer avec le monde. Le réalisateur montre que, parfois, les histoires de famille se construisent sur des absences et sur des silences trop lourds pour être dits.
Beauvoir, elle, a grandi entre deux pays, deux continents, deux cultures. Depuis toute petite, elle a le rêve d'avoir des enfants chevillé au corps. Elle voit le fait d'être mère comme un métier, qu'elle veut exercer plus tard. Elle ne sait pas encore que cette carrière va lui demander de faire des sacrifices.
«Libérer le secret», diffusé le 20 octobre 2025
Rester, parce qu'on espère que les beaux jours reviennent. Rester parce qu'on n'imagine pas sa vie sans l'autre. Parce qu'on pense que l'autre ne s'en sortira pas sans nous. Rester, parce qu'on espère qu'il va changer. Mécanismes de défense, nostalgie, narcissisme ou peur de la solitude : parfois, toutes les raisons sont bonnes pour rester. Même quand la raison dicte qu'il faudrait partir.
Pendant douze ans, Aylin reste avec Liam. C'est plus facile de pardonner, d'oublier, de passer à autre chose. Et quand elle se retrouve face à une réalité qu'elle ne peut plus ignorer, elle décide de garder le secret. Quelles que soient les épreuves à traverser.
«Pourquoi on reste ?», diffusé le 3 novembre 2025
Je ne sais pas vous, mais moi j'adore faire des listes. Des to-do lists, des listes de courses, des listes de listes… Et puis il y a la fameuse, bucket list, qui est dans un carnet relié (parce que j'ai 13 ans ?). On l'appelle parfois «liste des rêves» ou «liste de vie». La liste de toutes les choses que l'on veut faire avant de mourir. Une expression popularisée en 2007 par le film Sans plus attendre, avec Jack Nicholson et Morgan Freeman. Alors qu'ils n'ont plus que six mois à vivre, ils décident de réaliser tous les rêves qui leur restent.
Élisa n'a pas de bucket list. Mais elle a un rêve : dépasser ses peurs. Depuis qu'elle est toute petite, elle ne vit qu'à travers ses craintes, contrainte par ses angoisses. Pour vivre sans terreur, elle met en place des systèmes dans l'espoir de tout contrôler. Mais c'est finalement un coup de hasard qui va la libérer. Une histoire émouvante, drôle et de dépassement, racontée au micro d'Astrid Verdun.
«On ne tue pas la peur», diffusion le 27 novembre 2025.
Tous les parents rêvent d'excellence pour leurs enfants : une bonne éducation, des notes parfaites à l'école, l'assurance d'un avenir tout tracé. Pour y arriver, ils inscrivent parfois leurs enfants dans des écoles privées, religieuses. Des écoles cloisonnées où les parents ignorent ce qui se joue derrière les murs et où la sévérité est la matière principale.
Pour les parents d'Aziliz, ce qui prime, c'est la rigueur, l'exigence et un excellent niveau scolaire. Dès son plus jeune âge, comme le veut la tradition familiale, elle va suivre ses études chez les bonnes sœurs. Mais l'odeur de l'encens et des cierges ne cache pas bien longtemps les relents de la violence. Un témoignage à ne pas mettre entre toutes les oreilles, recueilli par Mandy Lebourg.
«De cierges et d'encens», diffusion le 11 décembre 2025.
Nobody Wants This, à voir sur Netflix
Alors écoutez, c'est bien simple. En octobre, j'ai été débordée par les séries, films et livres. Je ne sais même plus ce que j'ai vu ou non, ce que je dois vous recommander.
Donc arbitrairement, mais pas tant que ça, je vous enjoins de regarder la saison 2 de Nobody Wants This. Perso, j'ai bingé la saison en une journée, parce que pourquoi pas. Le pitch ? Joanne, podcasteuse trash et célibataire, rencontre Noah, rabbin beau gosse à Los Angeles. Sauf que l'amour est impossible puisque Joanne n'est pas juive.
Mais pourquoi, si vous êtes né·e entre 1981 et 1996, vous devez absolument voir cette série ? Parce que les rôles-titres sont tenus par Adam Brody (Seth Cohen dans Newport Beach) et Kristen Bell (Veronica Mars dans la série éponyme). Bonus absolu : dans la saison 2, Leighton Meester (Blair Waldorf dans Gossip Girl et épouse d'Adam Brody dans la vraie vie, vous suivez ?) fait une apparition. Bref, c'est le best of pour les millennials. Tous les seconds rôles sont incroyables : Justine Lupe et Arian Moayed (Succession), Timothy Simons (Veep) ou encore l'excellente Jackie Torn.
Alors qu’on approche des dix ans de Transfert et de l’épisode 500, on se demande quels sont vos préférés. N’hésitez pas à nous envoyer des vocaux à transfert@slate.fr en nous racontant quelle histoire vous a le plus marqué, et pourquoi !
À très vite,
Sarah et Benjamin