De la danse, des inconnus, du talent à en revendre.
J'aimerais pouvoir dire que j'ai toujours voulu être journaliste. Que depuis mon plus jeune âge, j'étais obsédée par l'idée de recueillir la parole des gens, de donner la parole à celles et ceux que l'on n'entend jamais. Ce serait faux. C'est venu tard, très tard. Quand j'étais enfant, j'oscillais entre deux plans de carrière. Vous savez, quand on doit remplir des petites fiches à l'école, dans la case «métier». Moi, j'écrivais, selon les saisons et mes humeurs : «médecin» ou «danseuse». Flash forward : je loupe deux fois ma première année de médecine. C'est foutu pour ma première vocation. Sept ans plus tard, après une rupture compliquée, je franchis les portes d'un studio de danse à Paris. On est en 2010, on commence timidement à parler de la Zumba en France. Coup de foudre pour les danses latines et afro-caribéennes. Deux ans plus tard, je passe mon diplôme de prof, je donne des cours. Ah oui, ça fait aussi quatre ans que j'ai découvert le journalisme. La fameuse parole des gens me fascine, leur histoire, leur vécu. Les gens m'intéressent. Vraiment.
Pourquoi je vous raconte tout ça, me demanderez-vous. Eh bien, après dix-neuf ans de journalisme et treize de Zumba, je rentre juste d'une croisière Zumba. Et non, il n'y aura pas de vidéos sur Instagram. Pendant huit jours, j'ai dansé, mangé, bronzé avec plus de 250 inconnus –et autant d'histoires de vie.
Je me dois ici d'être honnête avec vous. Normalement, je pars en vacances avec le moins de gens possible. Produire Transfert est un travail exigeant : quand vous nous racontez vos récits, nous les recueillons. Et pour être à la hauteur de ce privilège, nous nous plongeons totalement, radicalement, dans vos vies, dans vos passés et parfois dans vos traumatismes. Donc autant dire que mes vacances doivent être silencieuses et solitaires. Pas cette fois.
Pendant huit jours, entre deux bachatas, j'ai écouté, j'ai posé des questions. J'ai recueilli des paroles, sans penser au travail, sans imaginer un épisode de Transfert, sans décortiquer comme une journaliste. Encore moins une productrice.
Au terme de la croisière, de retour sur la terre ferme et à la rédac, je me suis interrogée : pourquoi les gens se sont-ils confiés si facilement à moi ? Je le dis, je le répète : tout le monde a une histoire à raconter. Mais surtout, les gens ne s'écoutent plus. Pire, les gens ne posent plus de questions. Alors quand moi je débarque, mille interrogations à la minute, avec le souci du détail caractéristique des journalistes, les gens parlent. Ils parlent dans un flot continu, ils parlent comme si personne ne leur avait jamais donné la parole, comme si c'était la dernière fois qu'on les écoutait. Et rien que pour ça, je suis contente d'avoir finalement choisi ce métier.
J'ai un parcours très différent de celui de Sarah : je suis journaliste depuis que j'ai 19 ans (quand j'étais gosse je voulais être président, on en reparlera). J'ai toujours été fasciné par l'interview : rencontrer, découvrir, questionner, approfondir. En sortir énervé ou avec le sourire, face à une star ou un inconnu. J'aime que les gens se livrent, qu'ils disent ce qu'ils n'expriment jamais, qu'ils partagent qui ils sont. Je veux tout savoir. Je veux que l'autre se révèle, parfois à lui-même, qu'il commence par me parler de son petit déj et qu'on finisse par discuter du souvenir fondamental enfoui dans sa mémoire qui fait qu'aujourd'hui il préfère la glace à la pistache plutôt qu'à la vanille. Tout.
Je vais dire plus directement ce que Sarah a dit à demi-mot : n'hésitez pas vous aussi à poser des questions. À écouter les autres, autour. Parfois, il n'y a rien de très intéressant. Parfois, il y a des trésors. Mais il y a toujours de l'humain. L'humain sous toutes ses formes, celles qu'on croise tous les jours, celles qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie, celles qu'on n'imaginait pas. Toutes fascinantes, toutes uniques, toutes si proches. Demandez. Écoutez. Ça commence avec Transfert. Ça ne s'arrête jamais.
C'est un sujet qui, malheureusement, est toujours d'actualité. Dans l'épisode «La renaissance d'un corps», diffusé le 5 juin, Julie raconte comment, dès son adolescence, elle est fortement complexée. Mais quand une douleur physique apparaît, elle est obligée de reconsidérer sa relation à son corps. Cette souffrance devient un élément déclencheur. Confrontée à elle-même, Julie entreprend une transformation et une réconciliation. Un témoignage fort sur la relation délicate entre image, corps et acceptation, recueilli par Camille Hurcy.
Valentine mène avec sérieux et conviction ses missions de laboratoire. L'arrivée d'un petit garçon déclenche une prise de conscience lorsque la note en marge révèle une décision médicale arbitraire, imposée depuis la hiérarchie. Valentine prend conscience du fossé entre son engagement personnel et la réalité froide de l'institution. Dans «Une note dans la marge», diffusé le 2 juin dans Transfert Club, Valentine livre un récit bref mais percutant, qui lève un coin du voile sur les compromis invisibles que les soignants doivent parfois faire. Au micro d'Emma Jacob.
J'ai, je crois, une appétence pour les récits qui racontent les relations parents-enfants. Peut-être parce que je vieillis et que je sais que nos parents ne sont pas éternels. C'est cette relation que Clément raconte dans l'épisode «Mon père, ce héros», au micro de Léa Wolber. Clément traverse la vie sans ombre, protégé par son père. Son phare. Avec lui, il a tout fait : du sport, des randonnées, des escape games. Il peut toujours compter sur lui, même pour son prochain projet : retaper la maison dans laquelle il va vivre avec son épouse et où ils comptent accueillir leur premier enfant. Jusqu'à ce qu'un accident bouleverse leur vie et leur relation, qu'ils pensaient inébranlable.
Comment parler de l'épisode de Cléo sans vous spoiler ? Ça fait des mois qu'on suit cette histoire, qu'on attend le bon moment pour parler avec elle, pour recueillir son témoignage, pour construire son récit. Quand elle rencontre Julien, Cléo ne s'attend à rien, elle veut juste passer du bon temps. Au fil des jours, elle lui donne une vraie place dans sa vie. Même si, parfois, elle a du mal à expliquer son comportement… Un épisode signé Christophe Carron.
Les lundis «Dream Track» de Quentin Mosimann
Est-ce que quelqu'un est passé à côté ? Dans le doute, voilà la reco du mois. La reco qui me fait aimer les lundis matin (ça et, bien sûr, le fait de retrouver Sarah à son bureau dès 07h30). Tout se passe sur le compte Instagram de Quentin Mosimann, DJ français, qui s’est dit un jour : «Et si je demandais à des gens de me donner plein d'éléments disparates pour en faire le morceau de leurs rêves ?» Ça donne de courtes vidéos pleines d'énergie et musicalement hyper réussies, même quand ses invités veulent le son d'une biscotte qu'on tartine, le cri de Tarzan ou le bruit d'une frappe de Neymar. Le mec est fort. Et moi ça me met de bonne humeur, de me prendre comme ça un gros shot de talent de bon matin.
Vous l'avez compris : j'ai en permanence un décalage horaire sur tout et tout le monde. Donc les «Dream Track», je n'en avais jamais entendu parler avant le fameux banger «commandé» par Alain Chabat, à l'occasion de la promo de sa série animée Astérix et Obélix: Le Combat des chefs (que je vous recommande aussi, tiens). L'occasion, donc, de remonter la timeline de Mosimann sur Instagram et de tout écouter. Mention spéciale pour le «Dream Track» de Bob Sinclar, qui avait parié que Mosimann n'y arriverait jamais… Pari perdu ! Évidemment que le son existe et est incroyable. Chose promise, chose due : Bob Sinclar, beau joueur, assurera la première partie de Mosimann à la soirée «Voulez-vous», le 27 septembre prochain. Ça, je le sais avant tout le monde !
Il fait chaud, pensez à vous hydrater. Et venez sur le Discord de Transfert ! Il y fait plutôt frais.
À très vite, sur Discord ou ailleurs, gourdes bien remplies.
Benjamin et Sarah